LA MAISON NIVARD-DE SAINT-DIZIER AU TEMPS DE JOHN CRAWFORD,
HAUT LIEU DE CHASSE À COURRE
D’après les archives du Montreal Hunt Club, « un nombre important
de chasses [prennent] naissance » sur le fief de Verdun dans les années
1870 et 1880. Les programmes de 1884 à 1889 rendent compte
d’une trentaine de parties de chasse tenues de la mi-septembre à
la fin novembre; Crawford reçoit notamment systématiquement
les membres du groupe un samedi de la deuxième moitié de septembre
pour une partie de chasse à 11 h précédée d’un déjeuner
vers 10 h. On voit sur cette gravure de nombreux cavaliers vraisemblablement
réunis devant la demeure cossue de Crawford, qui se
situait où se trouve aujourd’hui l’intersection des rues Crawford et
David (« The Meet of the Montreal Fox-Hounds, at “Verdun”, Lower
Lachine Road », Canadian Illustrated News, 5 novembre 1870, p. 300-
301).
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" Le promeneur qui longe le fleuve Saint-Laurent à
Verdun en suivant le boulevard LaSalle découvre
une maison qui détonne singulièrement parmi ses
voisines. Alors que la construction de la plupart des
demeures des environs date du XXe siècle – parfois
de sa seconde moitié –, l’érection de celle-ci remonte
à 1710, ce qui en fait l’un des plus vieux bâtiments
de l’île de Montréal. Après avoir abrité pendant
plus d’un siècle des métayers engagés par les
propriétaires successifs pour exploiter le fief de Verdun
dans lequel elle se situe, cette maison devient
au milieu du XIXe siècle un haut lieu de chasse à
courre sous l’impulsion du financier John Crawford.
Né le 25 février 1814 dans une petite ville d’Irlande
nommée Banbridge, Crawford grandit
dans une famille ayant fait fortune dans l’industrie
du lin. En 1827, son père, Walter Crawford,
met en vente ses propriétés en vue d’émigrer au
Canada. Y est-il parvenu? Plusieurs membres de
la famille ont-ils été de la traversée? Les sources
consultées demeurent hélas muettes sur le sujet
et ne font état que de l’arrivée de John en 1829 à
l’âge de quatorze ans. Après avoir oeuvré comme
teneur de livres au sein de la firme Jones, Murray &
Company de Québec, Crawford migre vers Montréal,
où il poursuit sa carrière dans la plus grosse
maison d’importation de l’endroit, la société
Gillespie, Moffatt & Company. Rapidement, il se
lie avec les familles les plus aisées de l’île, comme
en témoigne son mariage le 28 septembre 1837
avec Mary Ann Elizabeth Molson, nièce de l’honorable
John Molson. Quelques décennies après
son arrivée, c’est désormais un actionnaire important
de la Banque de Montréal et de quelques
autres institutions financières. Désireux de jouir
d’un endroit en périphérie de la ville pour mener
une vie de châtelain, Crawford fait l’acquisition
de l’ancien fief de Verdun le 9 décembre 1842.
Il s’y fait construire une imposante demeure de
style victorien, la « Verdun House », et change la
vocation de la Maison Nivard-De Saint-Dizier. À
compter de ce moment, elle servira de camp de
chasse pour le maître des lieux et ses invités.
L’intérêt de Crawford pour la chasse ne l’amène
pas qu’à s’y adonner plusieurs fois par semaine
dans ses belles années : il le pousse aussi à s’engager
activement au sein du Montreal Fox Hounds,
club très en vue regroupant depuis 1826 les amateurs
de chasse à courre de la région de Montréal.
Après de belles années au lendemain des rébellions
de 1837 et 1838 (ces dernières ayant amené
dans la colonie plusieurs militaires friands de
chasse au renard), le Montreal Fox Hounds peine
à attirer autant de membres qu’il le souhaiterait
et à maintenir ses finances à flot vers le milieu des
années 1860. Il faut dire que le retrait progressif" CAP-AUX-DIAMANTS | N0 142 | ÉTÉ 2020
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