dimanche 23 juin 2019

Le déclin rapide de plusieurs espèces d'oiseaux - Radio-Canada - 22 juin 2019 -


Nouveau rapport sur le déclin rapide de plusieurs espèces d'oiseaux au Canada





Radio-Canada
L'État des populations d'oiseaux du Canada a publié un nouveau rapport(Nouvelle fenêtre), cette semaine, sur la partie canadienne de l'Initiative de conservation des oiseaux de l'Amérique du Nord, qui révèle un déclin important de plusieurs espèces.
Les oiseaux qui ont été les plus durement touchés depuis 1970 sont ceux qui dépendent exclusivement des prairies indigènes pour leur reproduction et leur hivernage. Ces derniers ont connu une chute de 87 %.
Les oiseaux insectivores aériens, comme les hirondelles ou les martinets, ont décliné de 59 %.
Les oiseaux de rivage, qui migrent sur de grandes distances, ont connu une diminution de 55 %.
Une évaluation mondiale a aussi révélé que 55 des 58 oiseaux marins qui fréquentent les eaux canadiennes sont dans une situation préoccupante en matière de conservation et que 20 % d'entre eux sont des espèces menacées d'extinction.
Le Canada a perdu de 40 % à 60 % de ses effectifs d’oiseaux de rivage, d’oiseaux de prairie et d’insectivores aériens. Dans la dernière décennie, 80 % des espèces d’oiseaux nouvellement évaluées comme étant menacées ou en voie de disparition au Canada sont des insectivores aériens ou des oiseaux de prairie
 Rapport 2019 de l'État des populations d'oiseaux du Canada
Les changements climatiques et la perte des habitats côtiers sont les principales raisons qui expliquent le déclin de certaines espèces d'oiseaux au Canada, selon le rapport.
En revanche, d'autres espèces se portent mieux. Les sauvagines sont en voie de rétablissement, avec une augmentation de leur population de 150 % depuis 1970, grâce à des investissements fructueux en conservation de ces animaux.
L’interdiction du pesticide DDT, la gestion active de la chasse, la protection et la restauration d’habitats importants sont parmi les mesures qui ont aidé certaines espèces de volatiles à augmenter leur population au cours du dernier siècle.
D'après les informations de CBC

mardi 18 juin 2019

Sciences et Avenir - 18 juin 2019



SANTÉ

Autisme, QI en baisse et pesticides : tout comprendre du scandale du chlorpyrifos

Le chlorpyrifos, un insecticide toxique toujours autorisé dans l'Union européenne, est associé à des déficits de QI chez l'enfant, à des lésions cérébrales et à une augmentation de la fréquence de l'autisme chez les nouveaux-nés. Sciences et Avenir fait le point sur ce nouveau scandale sanitaire.
Agriculteur qui asperge un champ de pesticides
En France, le chlorpyrifos est encore utilisé dans la culture des épinards.
PHILIPPE HUGUEN / AFP
D'abord utilisé comme gaz innervant pendant la seconde guerre mondiale, le chlorpyrifos est pulvérisé depuis les années 1960 sur les cultures pour éliminer les pucerons et les chenilles. En 2005, son utilisation a été reconduite pour quinze ans par l'Union européenne. Mais plusieurs études montrent que le chlorpyrifos entraîne des effets irréversibles sur le cerveau des enfants, comme le révèlent nos confrères du Monde.

Quels sont les effets sur la santé ?

Plusieurs études montrent les effets du chlorpyrifos sur l'organisme. La plus préoccupante d'entre elles a été réalisée par un groupe de scientifiques internationaux, dont plusieurs Français. Publiée en 2015 dans le Journal of clinical endocrinology and metabolism, elle montre que la famille de pesticides à laquelle appartient le chlorpyrifos, appelée "organophosphorés", est associée à 13 millions de points de QI perdus et 59.300 cas de déficience intellectuelle en Europe. 
Cet insecticide serait aussi à l'origine de lésions cérébrales et de cas plus fréquents d'autisme chez les enfants exposés avant et après la naissance, selon une étude menée en Californie et publiée en mars 2019 dans le British Medical Journal (BMJ). Toutes les mères participant à cette étude vivaient à moins de deux kilomètres d'un endroit où est utilisé le produit. 
Des résultats similaires ont également été constatés par l'équipe de chercheurs universitaires de Virginia Raugh en Californie. Ces derniers ont pu observer, grâce à de simples IRM, que le cortex cérébral d'enfants exposés au chlorpyrifos étaient amoindris. Des anomalies soulignées dans leur étude parue en 2012. 

vendredi 14 juin 2019

Radio-Canada 14 juin 2019 par Sylvie Fournier - Québec accorde discrètement un passe-droit aux pesticides « tueurs d’abeilles »


Québec accorde discrètement un passe-droit aux pesticides « tueurs d’abeilles »

Une abeille s'approche d'une fleur.
Une abeille s'approche d'une fleur. Photo: Associated Press / Patrick Pleul
Sylvie Fournier
À peine deux mois après l’entrée en vigueur de restrictions sur la vente et l’usage des pesticides « tueurs d’abeilles » au Québec, le ministère de l’Environnement accorde une dérogation aux agronomes. Ils peuvent ignorer les nouvelles règles et prescrire des semences de maïs enrobées de néonicotinoïdes.
Depuis le 1er avril 2019, des changements apportés au Code de gestion des pesticides restreignent le recours aux néonicotinoïdes. Leur usage doit être justifié par un agronome et faire l’objet d’une prescription.
Ces changements visent à réduire les risques pour la santé humaine et pour l’environnement posés par trois des pesticides les plus couramment utilisés et considérés comme les plus dangereux pour les insectes, mais aussi pour l’ensemble de la biodiversité.
À peine entrées en vigueur, les nouvelles règles font déjà l’objet d’une dérogation.
C’est une mesure exceptionnelle, se défend le président de l’Ordre des agronomes du Québec, Michel Duval. Le temps pluvieux des derniers mois a retardé les semis, ce qui force bon nombre d’agriculteurs qui avaient commandé des semences tardives à se rabattre sur des cultivars à croissance plus rapide. Les fournisseurs n’ont que des semences enrobées de pesticides à leur offrir.
C’est un choix de dernier recours pour éviter que la récolte ne soit compromise.
Michel Duval, président de l’Ordre des agronomes
La dérogation n’est permise que dans certaines régions particulièrement touchées, concentrées surtout en Montérégie. Elle n’a pas été annoncée publiquement, parce qu’on ne voulait pas que ça serve d’excuse, ajoute Michel Duval. Les agriculteurs en ont pris connaissance dans un article publié dans le journal La Terre de chez nous.

Mécontentement chez les apiculteurs

Je suis extrêmement déçu!, tonne Stéphane Leclerc, président de la Fédération des apiculteurs du Québec.
Les producteurs de miel se battent depuis 2013 pour sensibiliser le gouvernement aux effets des pesticides néonicotinoïdes sur la santé des insectes pollinisateurs et réclamaient depuis longtemps des mesures pour stopper le déclin des colonies d’abeilles.
Stéphane Leclerc déplore que les nouvelles règles soient déjà contournées. Mais il ne blâme pas les agriculteurs, aux prises avec une situation difficile. Les agriculteurs, c’est notre famille, c’est nos amis, et ils ont besoin de manger. Ce n’est pas leur faute, dit-il.
Le président de la Fédération des apiculteurs montre du doigt les fournisseurs de semences, qui étaient avisés depuis février 2018 de l’entrée en vigueur des restrictions au Québec. Il estime qu’ils auraient pu avoir des réserves plus importantes de semences sans pesticides. Ils auraient dû prévoir, dit-il.
La dérogation a été annoncée par le ministère de l’Environnement à la fin mai, lors d’une rencontre du comité consultatif chargé de surveiller la mise en oeuvre des nouvelles dispositions du Code de gestion des pesticides.
Les membres du comité n’ont pas été consultés, mais plutôt placés devant le fait accompli, relate Julie Fontaine, responsable du dossier des pesticides à la Fédération des apiculteurs, qui a assisté à la rencontre.
Le gouvernement devra trouver des solutions pour éviter que la situation ne se répète, croit-elle, pour ne pas être à la merci des grandes compagnies américaines qui produisent surtout des semences de maïs traitées aux pesticides.
Des agriculteurs récoltent du maïsDes agriculteurs récoltent du maïs Photo : Getty Images

Une procédure normale, selon le ministère

Au cabinet du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, le porte-parole Louis-Julien Dufresne rappelle que les lois en vigueur permettent des dérogations dans des situations particulières, comme les pluies abondantes de ce printemps.
Il ajoute qu’il s’agit d’une procédure normale, bien que relativement exceptionnelle. Il n’a pas fourni d’autres détails.
Faut régler ça!, rétorque Stéphane Leclerc, de la Fédération des apiculteurs, qui voit dans cette pénurie de semences non enrobées un signe que les grands fabricants mènent le bal.
La Cour supérieure a autorisé une action collective entreprise par les apiculteurs québécois contre les deux principaux fabricants de néonicotinoïdes, le géant agrochimique Bayer ainsi que Syngenta. Ils réclament plus de 400 millions de dollars en dommages et intérêts pour les pertes encourues par la disparition de colonies d’abeilles depuis 2006.
Les fabricants contestent ces allégations.
Dans un courriel envoyé à Radio-Canada, l’Association canadienne du commerce des semences confirme qu’il est difficile de fournir des produits dont la demande est imprévue et que la météo de cette année a déjoué la planification des agriculteurs et des semenciers.
Quant aux mesures à prendre pour éviter que la situation ne se reproduise, l’Association n’a fourni aucune réponse.
Je me demande, conclut Stéphane Leclerc, si la pénurie ne serait pas pour eux une manière d’étirer l’élastique au maximum!