jeudi 24 février 2022

Les oiseaux nous aident, aidons-les en retour

 Le Devoir : Steven Price - Président émérite, Oiseaux Canada*

Le nouveau règlement fédéral sur les oiseaux migrateurs proposé en 2019 attend d’être adopté, souligne l'auteur.
Photo: Olivier Zuida Le Devoir Le nouveau règlement fédéral sur les oiseaux migrateurs proposé en 2019 attend d’être adopté, souligne l'auteur.


Les bons côtés de la pandémie de COVID-

19 sont rares, mais l’un d’entre eux est

 certainement le fait que les Canadiens ont

 renoué avec le plein air et la nature. Nous

 avons fait du vélo ou du jogging quand les

 gymnases étaient fermés. Au sortir de

 réunions Zoom, nous avons marché, contacté

 des amis et compté nos pas avec la famille. Et

 beaucoup d’entre nous ont découvert pour la

 première fois les oiseaux dans nos cours et

 depuis nos balcons. Or, la plupart des

 Canadiens seraient surpris d’apprendre que le

 gouvernement fédéral n’a pas encore adopté le

 règlement proposé pour mieux protéger les

 oiseaux migrateurs.


Tellement de gens nous ont dit combien de

 merles ils avaient vus pendant la pandémie

 qu’il semblait y avoir une explosion de la

 population. Les ventes de graines pour oiseaux

 et de mangeoires ont bondi. Les forums en

 ligne et les échanges sur Instagram relatifs à

 l’avifaune se sont multipliés. L’isolement et la

 distanciation sociale nous ont fait mettre les

 pieds dehors et tourner les yeux vers le ciel.


Les oiseaux ont désespérément besoin de ce

 regain de popularité en ce moment. En

 Amérique du Nord, leur nombre a diminué de

 trois milliards depuis 1970. Les oiseaux que

 beaucoup d’entre nous tenaient pour acquis —

 hirondelles, martinets, alouettes, oiseaux de

 rivage — sont beaucoup moins abondants

 qu’avant. Les menaces multiples que font

 peser les changements climatiques, la perte

 d’habitat, la pollution, les chats errants et les

 animaux de compagnie non contrôlés, les

 vitres des fenêtres et les lignes de transmission

 déciment les populations plus rapidement que

 celles-ci peuvent se maintenir. Récemment,

 des scientifiques ont montré comment le

 déclin des populations d’oiseaux et d’autres

 espèces sauvages nuit à la dispersion naturelle

 des fruits et des graines des plantes, ce qui

 compromet la réponse de la nature aux

 changements climatiques, car les aires de

 répartition potentielles des espèces se

 déplacent rapidement.


Il y a plus de cent ans, des dirigeants

 visionnaires du Canada et des États-

Unis ont adopté un traité de grande portée

 pour protéger les oiseaux migrateurs dont nos

 pays partagent les aires. Ce traité, signé

 ultérieurement par le Mexique, a permis

 d’endiguer la chasse non réglementée

 généralisée ; c’est un des accords de

 conservation les plus anciens et les plus

 efficaces au monde. Jusqu’à ses derniers jours


 tumultueux au pouvoir, l’administration


 Trump a tenté de vider le traité de sa

 substance, mais les changements ont été

 annulés l’an dernier par l’administration

 Biden. Le gouvernement canadien et la société

 civile des deux pays ont fait pression avec

 succès pour que les éléments essentiels du

 traité soient conservés.

Maintenant, c’est au tour du Canada de

 prendre des mesures pour donner plus de

 mordant au traité. Le nouveau règlement

 fédéral sur les oiseaux migrateurs, proposé en

 2019, attend d’être adopté par notre ministre

 de l’Environnement et du Changement

 climatique, Steven Guilbeault. Plus que la

 plupart des citoyens, ce dernier comprendra

 comment cette démarche visant à respecter les

 engagements mondiaux du Canada en matière

 de conservation de la biodiversité servira

 également à atténuer les effets des

 changements climatiques.


Entre autres avancées pour les oiseaux, le

 nouveau règlement, une fois adopté, lèvera

 l’ambiguïté actuelle relative au fait qu’il est

 interdit de capturer, tuer, blesser ou harceler

 les oiseaux migrateurs. Par exemple, il

 protégera les nids du magnifique Grand Pic,

 une espèce forestière de première importance

 […]. De plus, la nouvelle réglementation

 prendra en compte les droits constitutionnels

 des peuples autochtones au titre de l’article 35

 de la Loi constitutionnelle de 1982, ce qui

 constituera une étape importante vers la

 réconciliation.


Les nouvelles modifications — attendues

 depuis longtemps — qui seront apportées à

 l’échelle nationale aux moyens de protection

 des oiseaux migrateurs sont judicieuses et

 seront efficaces. Ces deux dernières années, la

 nature et le plein air nous ont donné un espoir

 rassurant et un répit bien nécessaire en ces

 temps difficiles. Les oiseaux, en particulier,

 nous ont enchantés et ont apporté un

 soulagement bienvenu au stress. En effet, ils

 ont contribué à nous sauver ; nous leur devon

s de tout mettre en œuvre pour assurer leur

 avenir.


* Autres signataires : Jean-Sébastien Guénette,

 directeur général, QuébecOiseaux ; Ian

 Davidson, directeur régional pour les

 Amériques, BirdLife International ; Graham

 Saul, directeur général, Nature Canada


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