lundi 30 mai 2022

L'avenir incertain de la sterne pierregarin - Radio-Canada - 21octobre 2016

 L'avenir incertain de la sterne pierregarin

Des sternes en vol

PHOTO : BENOÎT LIVERNOCHE/RADIO-CANADA



On l'appelle estorlet, hirondelle de mer ou bien sterne commune. Mais son nom officiel est sterne pierregarin. C'est cet oiseau au cri strident qui occupe des berges de la mer ou de lacs. Sa population est stable, mais à plusieurs endroits, son habitat est en danger.

Un texte de Benoît LivernocheCourriel de La semaine verte

À la fin juin, c'est une routine annuelle pour le biologiste Éric Tremblay du parc national Kouchibouguac, sur la côte est du Nouveau-Brunswick. Depuis une quinzaine d'années, il fait l'inventaire des nids de sternes pierregarins sur l'une des dunes du parc, qui borde le golfe du Saint-Laurent. On compte bon an mal an environ 6000 nids, soit près de 14 000 oiseaux. C'est la plus grande colonie de sternes pierregarins au pays.

« Il y a de l'habitat, la nourriture est disponible en abondance et on est dans un parc national, protégé, ce qui fait que la colonie est en très bonne santé à Kouchibouguac. »

— Une citation de  Éric Tremblay, biologiste, parc national Kouchibouguac
Une colonie de sternesAgrandir l’image(Nouvelle fenêtre)

PHOTO : BENOÎT LIVERNOCHE/RADIO-CANADA

La sterne pierregarin que l'on trouve ici est la même que celle que l'on retrouve partout à travers le monde, sur le bord des océans, des mers et des lacs. L'hiver elle séjourne dans le nord de l'Amérique du Sud, pour ensuite migrer vers nos régions, pour y nicher durant l'été. La sterne pierregarin ressemble beaucoup à sa cousine la sterne arctique, qui elle, fait le plus long voyage de migration sur la planète : de l'Antarctique à l'Arctique.

Mais la sterne arctique est beaucoup plus rare, car elle est inscrite sur la liste des espèces en danger. Ce qui n'est pas le cas de la sterne pierregarin, considérée toutefois comme fragile, et ce, en raison de la perte de son habitat.

La Gaspésie perd sa dernière colonie de sternes

Pendant qu'à Kouchibouguac on se réjouit de voir une colonie en santé, sur la dune Sandy Beach, dans la baie de Gaspé, on ne trouve plus de sternes. Cet îlot était le seul endroit où nichaient encore des sternes pierregarins en Gaspésie.

À droite, Jean-Marc Hardy, du groupe de travail sur la réhabilitation de la colonie de sternes de Sandy BeachAgrandir l’image(Nouvelle fenêtre)

À droite, Jean-Marc Hardy, du groupe de travail sur la réhabilitation de la colonie de sternes de Sandy Beach

« Aujourd'hui, tout ce que l'on peut voir sur la dune, ce sont des goélands. Il n'y a aucun nid de sterne, absolument rien. C'est un peu triste. »

— Une citation de  L'ornithologue Jean-Marc Hardy, du groupe de travail sur la réhabilitation de la colonie de sternes de Sandy Beach

L'équipe doit maintenant reprendre le contrôle de la population de goélands, le principal prédateur de la sterne pierregarin. On badigeonne les œufs des goélands pour en réduire la population. Ce travail a été abandonné en 2012, après plusieurs années de contrôle, car le nombre de nids de sternes augmentait à un rythme soutenu et l'on croyait à ce moment-là que les sternes pouvaient se débrouiller seules contre leur prédateur. L'abandon de ce contrôle a favorisé une chute radicale du nombre de nids de sternes.

Une sterne en volAgrandir l’image(Nouvelle fenêtre)

PHOTO : BENOÎT LIVERNOCHE/RADIO-CANADA

Aujourd'hui, la cohabitation entre la sterne et le goéland est devenue impossible. Le goéland est un oiseau opportuniste qui profite des largesses de l'être humain. Tout près de la dune de Sandy Beach, le dépotoir de Gaspé est une source de nourriture facile pour les goélands, qui reviennent en force. Les sternes peinent à protéger une partie de leur territoire.

Un facteur de milieu côtier en santé?

Depuis le mois de juin, Jean-Marc Hardy affirme avoir vu quelques sternes voler autour de la dune de Sandy Beach.

« Il est possible que la même colonie essaie de nicher ailleurs. Si on ramenait des conditions un peu plus favorables, peut-être pourrait-on les récupérer. »

— Une citation de  L'ornithologue Jean-Marc Hardy, du groupe de travail sur la réhabilitation de la colonie de sternes de Sandy Beach

Pour le biologiste Éric Tremblay, la sterne est un symbole d'un milieu côtier en santé. Grâce à la protection conférée par le parc national Kouchibouguac, la colonie de sternes peut se développer.

Un nid de sternesAgrandir l’image(Nouvelle fenêtre)

PHOTO : BENOÎT LIVERNOCHE/RADIO-CANADA

« Lorsque vous voyez une colonie au-delà de 6000 nids, c'est un indicateur d'un écosystème en santé. Quand la sterne disparaît, c'est une indication que l'habitat se dégrade. »

— Une citation de  Éric Tremblay, biologiste, parc national Kouchibouguac

Pour lui, il est clair que l'habitat de la sterne pierregarin est à risque et que l'humain a le devoir de protéger les milieux naturels.

Des chercheurs examinent les nids de sternesAgrandir l’image(Nouvelle fenêtre)

À droite, Éric Tremblay, biologiste, parc national Kouchibouguac

PHOTO : BENOÎT LIVERNOCHE/RADIO-CANADA

« Malheureusement, on attend souvent que ces espèces-là soient mises sur la liste des espèces en danger, avant de faire quelque chose de proactif. »

— Une citation de  Éric Tremblay, biologiste, parc national Kouchibouguac

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