mercredi 27 septembre 2023

L’incroyable migration de l’oiseau-mouche

 

Photo Jean-Marc Lacoste, 16 septembre 2023


Voici un lien du 16 septembre 2023 vers ma vidéo sur Youtube:

https://youtu.be/iviObMlnfb8


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Voici un texte d'Alexandre Shields du Devoir

Le colibri à gorge rubis peut migrer sur une distance allant de 3000 à 4000 kilomètres.
Alexandre Shields Le Devoir Le colibri à gorge rubis peut migrer sur une distance allant de 3000 à 4000 kilomètres.

Ce texte est tiré du Courrier de la planète. Pour vous abonner, cliquez ici.

Ce sont les plus petits oiseaux qu’on peut observer au Québec — ils pèsent à peine trois grammes — et pourtant, ces jours-ci, les colibris à gorge rubis partent pour une impressionnante migration qui peut aisément dépasser les 3500 kilomètres.

« Qui ne connaît pas l’oiseau-mouche ? Ceux qui en ont vu sont souvent fascinés de les voir voler sur place, reculer, etc. C’est aussi un oiseau coloré, il a donc tout pour être charismatique », résume Jean-Sébastien Guénette, directeur général de Québec oiseaux.

Le mâle colibri à gorge rubis, par exemple, a effectivement la gorge d’un rouge éclatant, mais aussi le dos d’un vert lustré et le long bec effilé caractéristique de l’espèce, qui se nourrit du nectar des fleurs. La taille de cet oiseau est minuscule, avec une longueur maximale d’environ neuf centimètres, pour un poids avoisinant les trois grammes.


Si on le voit arriver, on a l’impression d’entendre le bourdonnement d’un insecte. En fait, il s’agit du son de ses ailes, qui battent à un rythme de 55 à 75 fois par seconde. « Ce sont des phénomènes de la nature », résume Pascal Côté, biologiste et ornithologue à Conservation de la nature Canada.

Migration

 

Ces jours-ci, ces colibris à gorge rubis, la seule espèce du genre qu’on peut observer au Québec, entreprennent « une migration impressionnante » vers leurs habitats hivernaux, souligne Pascal Côté.

Si certains vont s’installer dans le sud des États-Unis, d’autres peuvent se rendre jusqu’au Mexique, voire jusqu’en Amérique centrale, soit un périple d’au moins 3000 à 4000 kilomètres. « Lors des migrations, il y a une grande partie de la population qui traverse le golfe du Mexique en vol direct, par exemple pour se rendre jusqu’à la péninsule du Yucatan. Ça signifie de pouvoir faire un vol sans arrêt sur une distance de 500 à 800 kilomètres », explique M. Côté.

Comme toutes les espèces d’oiseaux qui effectuent des migrations, les colibris sont évidemment exposés « à plusieurs menaces » tout au long de leur périple, rappelle Jean-Sébastien Guénette.

S’il est difficile de donner une évaluation précise de chaque menace, les collisions avec les immeubles constituent un obstacle de taille sur la route de plusieurs espèces, dont les minuscules colibris. Pourquoi les oiseaux foncent-ils dans les fenêtres ? Le verre n’étant pas un matériau naturel, ceux-ci ne comprennent pas que les reflets des arbres ou du ciel ne sont pas réels.

La lumière artificielle peut aussi les désorienter et augmenter les risques de collisions. Ce phénomène est particulièrement vrai chez les espèces qui migrent de nuit en se guidant avec la lune et les étoiles. La perte d’habitats, notamment dans leurs aires d’hivernage, représente aussi un risque pour les colibris à gorge rubis, une espèce qui se porterait toutefois relativement bien à l’heure actuelle.

Abreuvoirs

 

L’installation d’abreuvoirs d’eau sucrée peut par ailleurs leur être fort utile, selon Pascal Côté. « L’espèce existait avant qu’on installe des abreuvoirs, mais comme pour les mangeoires, il s’agit d’un accès facile et rapide à une source de nourriture. »

Cette ressource alimentaire peut notamment leur donner un coup de pouce avant leur long voyage automnal. « Avant d’entreprendre leur migration, ils doivent se faire des réserves et ils peuvent augmenter leur masse corporelle de 40 % en quelques jours. C’est leur carburant », explique le biologiste.

La présence des abreuvoirs permet aussi d’observer à quel point les colibris à gorge rubis sont « très protecteurs de leurs sources de nourriture », explique Pascal Côté. « S’ils se retrouvent à un abreuvoir, on peut les voir se poursuivre constamment, au lieu de simplement partager l’abreuvoir, même s’il y a plusieurs postes d’alimentation. »

Jean-Sébastien Guénette ajoute qu’en raison des bouleversements climatiques, leur arrivée au printemps peut par ailleurs ne pas être synchronisée avec la floraison. Les oiseaux-mouches chercheront donc d’autres sources de nourriture. Les abreuvoirs peuvent en faire partie, à condition de s’assurer régulièrement de leur propreté.